Qui s’en souvient encore ? En 2010, un rapport publié par Newzoo avait estimé à 8,5 millions, le nombre de joueurs de MMO en France. L’estimation était correcte, mais elle laissait à peine présager la croissance fulgurante de la démographie des joueurs, qui a atteint les 30 millions en 2015. En effet, la croissance a été poussée par la diversification des genres et la démystification de la culture MMO. Alors qu’il y a 5 ans l’on dissociait difficilement jeux massivement multijoueurs et PC, de nombreux autres supports ont fait surface. C’est le cas des Plarium jeux en ligne par navigateurs, ou encore des titres développés pour les consoles de jeu.
Le modèle d’abonnement va continuer à battre de l’aile
Ce n’est un secret pour personne, la plupart des jeux qui avaient contribué à l’essor de la culture MMO sont aujourd’hui en très mauvaise posture. Dans la plupart des cas, c’est le manque de vision qui les a condamnés. Ces jeux ont continué à fonctionner suivant les mêmes principes qu’aux tous débuts, alors que l’industrie se transformait autour d’eux. C’est le cas de certains dinosaures encore présents, dont on garde de bons souvenirs, mais dont certaines décisions laissent incrédule.
La décision par exemple de perpétuer le modèle d’abonnements. Certes, il y a des joueurs – principalement ceux ayant plus de 30 ans – qui ne voient aucun inconvénient à payer un abonnement pour jouer. Malheureusement, ce modèle économique ne peut pas rivaliser avec les offres variées et surtout gratuites, des autres acteurs de l’industrie.
La solution trouvée par certains studios de développement est de proposer des extensions, pour donner l’impression aux joueurs d’acheter du contenu neuf. L’on s’attend cette année à ce que les extensions aient un effet placebo. Les abonnements iront en hausse au moment de la sortie, mais repartiront à la baisse quelques mois plus tard. En gros, la tendance à la baisse des abonnements et des connexions journalières commencée depuis quelques années, devrait atteindre un pic en 2016.
L’on constatera donc au cours de l’année à une transformation de certains modèles économiques. Le free-to-play continuera de bien se porter, mais des tentatives infâmes telles que le pay-2-reincarnate (payer pour ressusciter) feront également leur apparition.
La fusion et la fragmentation des genres
Autre tendance intéressante pour l’année 2016 et les années à venir : la fusion des genres. Pour ceux qui n’ont pas une expérience réelle des MMOs, tous ces jeux en ligne se ressemblent tous. Manifestement, ce n’est pas le cas. Mais les studios de développement cherchent à se différencier des franchises existantes dès le premier abord. Une des solutions est de fusionner les genres. Pourquoi se contenter de proposer un monde fantastique avec des mages, des lutins, des elfes et des dragons, si on peut y ajouter des éléments de jeux de stratégie en temps réel ou des zombies. Pourquoi se limiter à un MOBA (jeux massivement multijoueur de combat d’arène), quand on peut y intégrer les mécaniques d’un FPS et d’un RPG. La nomenclature pour ces nouveaux genres n’est pas encore tout à fait au point. On ne sait pas encore comment les appeler, mais nous avons hâte de voir ce qui sortira des métissages inventifs auxquels se livrent les concepteurs.
Mais, tout le monde ne peut pas aller dans le même sens. Pour preuve : certains ont choisi de fragmenter des genres existants plutôt que de les rassembler. De plus en plus de jeux se concentrent sur des mécaniques de jeu qui frisent le micro-MMO. Au lieu de mettre en avant la capacité de jouer avec des millions d’autres joueurs, ils proposent aux joueurs de constituer des équipes réduites et fonctionner ensemble. Le contenu proposé est plus axé sur les interactions entre des groupes réduits, plutôt que sur une trame narrative qui engloberait tout l’univers du jeu. Reste à voir où cette tendance mènera.
L’ancrage des jeux AAA dans l’industrie
Enfin, et non pas des moindres, l’arrivée grandissante des « grands noms » sur la scène MMO. Certes, les studios de développement sont dans l’industrie MMO depuis un moment. Mais, au cours des dernières années, ils ont initié une approche plus ou moins agressive. Maintenant qu’il y a plusieurs millions de consoles de dernière génération dans les salons français, les studios peuvent rivaliser avec le PC jadis omniprésent.
A présent, des jeux sont conçus dont l’expérience multijoueur passe presque exclusivement par la dimension connectée. Destiny sur PS4 avait déjà fait sensation, mais c’est pour TheDivision que beaucoup retiennent leur souffle. En soi, l’arrivée de tels géants n’est pas un bonus ou un malus. La preuve, Minecraft a toujours été très apprécié, mais le jeu n’a pas eu besoin de plusieurs centaines de millions d’euros en développement avant de devenir un véritable phénomène.
Les jeux AAA comme on les appelle apporteront certainement certains changements à la façon de penser et de fonctionner. Mais la scène MMO française pourrait bien surprendre, car il n’est pas dit que les jeux par navigateur plus accessibles, plus flexibles et beaucoup moins coûteux, ne continueront pas à avoir plus de traction que les « grosses » productions.
